Culture & Urbanités

Culture & Urbanités

Culture et Urbanités

Responsables : Piero Galloro, Hervé Marchal et Fabrice Montebello

Cet axe de recherche regroupe trois programmes de recherche qui communiquent par l’intermédiaire de l’analyse du rôle des représentations dans l’action sociale et culturelle et la prise en compte de la fonction d’expertise attribuée aujourd’hui aux chercheurs universitaires.

Notre hypothèse est que la diffusion des savoirs des sciences humaines et sociales dans l’espace public et la distribution de la compétence qu’elle induit modifient le cadre de l’analyse sociologique en imposant un effort d’objectivation, mobilisant l’épistémologie et l’histoire des sciences, des équipements conceptuels employés par le chercheur ainsi qu’une observation systématique du mode de construction sociale des problèmes sociaux et culturels par des cultures professionnelles.

Parallèlement, l’efficacité des politiques de démocratisation culturelle, malgré leur incapacité à assurer l’égalité des chances, et l’expansion des industries culturelles  portée par le processus de globalisation des économies oblige à prendre en compte les formes d’appropriation personnelle par les usagers des objets et des outils de l’expertise, les mobilisations collectives qu’elles soutiennent et les tensions qu’elle génèrent dans les rapports professionnels/usagers et dans l’espace public local et national.

La reconnaissance de la pluralité des formes de socialisation observables que dissimule l’usage singulier du terme de culture — des sociabilités artistiques aux communautés locales en passant par les cultures professionnelles — et des outils d’évaluation qu’elles génèrent constitue donc un des socles présupposés scientifiques de notre axe de recherche.

Le cadre d’observation privilégié de la  cristallisation et de la mobilisation de ces cultures et des enjeux professionnels et sociaux des changements individuels et collectifs que constituent les phénomènes d’urbanisation est le présupposé empirique que partagent les chercheurs de cet axe. La conviction que l’observateur fait partie de l’observation, l’attention aux limites de l’autonomie des pratiques scientifiques comme des pratiques culturelles et la sensibilité à leurs enjeux politiques guident donc tous nos travaux individuels en matière d’histoire de l’anthropologie et de la sociologie, d’étude des formes de socialisation et de construction des identités dans un contexte de mondialisation et d’urbanisation, et d’étude des professions  et institutions culturelles. Mais elle informe également les trois programmes empiriques collectifs menés au sein de cet axe et qui ont permis de donner une meilleure visibilité nationale au laboratoire :

 

1. Les travaux sur la ville et les problèmes urbains

Face aux effets du processus d’urbanisation totale de la planète, il devient plus que jamais nécessaire de réfléchir à l’urbain, au citadin et aux rapports qu’ils entretiennent à travers quatre objets de recherche d’importance stratégique. L’étude des fragmentations sociales et territoriales — attentive aux logiques de ségrégation dans la ville (durcissement des frontières, séparatismes urbains) et aux phénomènes de bipolarisation dans les villes globales (opposition quartiers riches et quartiers populaires entre autres) — constitue avec l’observation des processus de périurbanisation — et l’analyse du rapport centre/périphérie qu’il introduit— un premier volet du programme empirique porté par notre laboratoire. Le second volet combine l’étude de la formation de l’identité des citadins — analyse des supports identitaires (ville, quartier, rue, logement, automobile…) ; des logiques identitaires (désinstitutionnalisation, transition professionnelle et sociale, ruptures biographiques, compromis culturels…) ; des espaces identitaires et des carrières identitaires —  avec l’étude de l’imaginaire de la ville : les utopies urbaines passées et actuelles (cité-jardin, cité radieuse, cité utopique, phalanstère…), les modèles de la ville (ville diffuse, ville fonctionnelle, ville concentrée, ville piétonne…), les expériences historiques (cités ouvrières, cités patronales, Familistère…), les cadres cognitifs des politiques relatives à la création, à l’édification et à la transformation de la ville (politiques de l'habitat, politiques de la ville, politiques urbaines, politiques foncières…), la symbolique des formes urbaines (grands ensembles, pavillons, immeubles haussmanien…).

 

2. Les travaux sur les industries culturelles et les cultures artistiques

L’originalité du projet du 2L2S est d’articuler socio-économie des industries culturelles, sociologie de l’art et esthétique. L’articulation de l’analyse esthétique des objets et de l’observation de la consommation culturelle des personnes constitue en soi, en France, un projet empirique innovant, dans le cas du cinéma et des arts de la scène, majoritairement étudiés en France sous l’angle exclusivement esthétique. L’expertise dans le domaine des producteurs et consommateurs de musiques amplifiées est, par ailleurs, un atout de notre laboratoire. Les recherches en sociologie de la littérature complètent un programme innovant, celui d’une approche globale et transversale des différentes formes de culture artistique, portée par les travaux individuels, les enquêtes collectives et le partenariat avec d’autres laboratoires (l’ANR Cinémas Populaires, par exemple). L’analyse de l’inscription locale des consommations culturelles constitue le deuxième versant du projet. Porté par notre partenariat avec les collectivités locales — qu’illustre la convention en négociation avec LOR’Jeunes sur la mise en place d’un observatoire de la jeunesse en Lorraine — ce deuxième axe de recherche vise à objectiver les réseaux de sociabilité et d’entraide noués dans le temps des loisirs. Il permettra de préciser les conditions de l’instrumentation sociale, économique et culturelle de ces réseaux permettant d’assurer le meilleur développement personnel des individus tout en contribuant au renforcement du lien social et au développement économique régional. 

 

3. Les travaux sur les immigrations, les échanges culturels et la construction des identités

Dans ce domaine, le 2L2S (en collaboration avec d’autres équipes d’universités françaises ou européennes et partenaires publics) privilégie l’étude des Mémoires et patrimoines d’immigration en milieu urbain, d’un côté, et des Circulations culturelles et transmigration, de l’autre. Suite à la publication de l’ouvrage « Héritages d’immigration » (PUN), un projet en collaboration avec l’INSA Lyon sur le thème des « Corpus et Outils de la recherche en sciences humaines et sociales » et engagée et devrait s’articuler avec un Projet Interreg IV, « In-herit » développé avec le Centre de Documentation des Migrations Humaines de Dudelange (Luxembourg) et des partenaires européens pour mettre en valeur des banques de données d’archives biographiques de migrants entre la fin du XIXe siècle et la désindustrialisation du siècle suivant. En relation directe avec l’actualité et dans la prolongation des recherches réalisées lors du précédent quadriennal sur des mémoires de l’immigration en Lorraine, un partenariat privilégié noué avec La Cité Nationale de l’histoire des Immigration (CNHI) débouche sur différentes initiatives locales et nationales (colloques, expertises, séminaires, expositions…) notamment dans le cadre du cinquantenaire de l’indépendance algérienne.