Cette thèse porte sur la façon dont des professionnels de santé, intervenant dans le champ de l’éducation à la sexualité, et les profanes répondent aux interrogations des jeunes sur la sexualité. Il s’agit de montrer comment les professionnels et les profanes se trouvent placés en situations d’expertise, parfois instables, et dans lesquelles ils sont amenés à porter conseil en prenant appui sur des repères moraux, d’âge et de genre. Au fil de leurs interventions, ils définissent ce que doit être la sexualité adolescente selon les âges et le genre. Mais les équipements (objectivés et incorporés), sur lesquels ils prennent appui, découlent aussi de configurations distinctes. Il existe alors une pluralité d’interprétations de ce que doit être l’amour à l’adolescence. Toutes sont produites par une pluralité de modèles d’expertise, ce qui suppose d’aller observer, dans le détail, les outils mobilisés et les discours émis aussi bien lors des séances d’éducation à la sexualité que lors des réactions, conseils et réponses des profanes sur internet. Cette enquête a été menée de 2011 à 2012, à partir d’observations d’échanges sur les forums de discussion et de séances d’éducation à la sexualité au sein de collèges et de lycées, et s’accompagne également d’entretiens auprès de différents éducateurs ayant participé aux séances observées (infirmières scolaires, éducateurs spécialisés, sages-femmes, assistantes sociales). Elle fait apparaître une variabilité des pratiques et des prescriptions sur ce que doit être une bonne sexualité pour un âge et un genre donnés. La manière, dont les professionnels mais aussi les profanes construisent leur avis et prennent des décisions, engage des conceptions variées de l’élève et autant de définitions du bien. Aussi l’adolescence est appréhendée à la fois comme une période de construction et comme un âge d’irresponsabilité. Cette appréhension légitime alors la transmission de connaissances dont l’objectif est d’éviter des comportements jugés néfastes pour le devenir de l’adolescent.
