La face cachée de la prostitution: une soucre d'argent facile ou un chamin sans retour? Les représentations de sprostituées de Luanda

Nom: 
KASSESSA
Prénom: 
Anavilde
Type de soutenance: 
Doctorale
Directeur(s) de thèse: 
Emmanuel JOVELIN
Date de soutenance: 
31/12/20
Résumé: 

L’Angola est un pays qui sort de plusieurs décennies de guerre. La reprise des conflits armés depuis le lendemain des indépendances a causé bien de dégâts. Outre, les conséquences psychosomatiques (pertes en vies humaines, mutilations, psychose…) et économiques, la guerre civile a généré d’énormes problèmes notamment le déplacement de populations entières vers des villes et provinces côtières, engendrant entre autres, la destruction des structures familiales préétablies. Dans l’ensemble, les séquelles de la guerre civile restent encore visibles malgré l’essor socio-économique, certes insuffisant par rapport aux besoins actuels des populations. En guise d’exemple, persistent encore aujourd’hui, les phénomènes des enfants non scolarisés, de la fuite ou de la disparition des « cerveaux » (pour des raisons diverses), et de leur corolaire qu’est la dévaluation du capital humain disponible. On assiste de ce fait à l’importation d’une « matière grise » étrangère, conduisant à la restriction de l’accès, déjà limité, des citoyens à l’emploi. Cette situation s’aggrave davantage avec une importation qui s’étend de plus en plus à une main-d’œuvre non qualifiée.Luanda l’une des capitales les plus chères au monde, est confrontée à des difficultés énormes. On assiste en conséquence à un enracinement de la délinquance, de la corruption, de la violence domestique, du crime organisé et surtout de la prostitution. Cette dernière problématique sociale fera l’objet de notre thèse de doctorat en sociologie.La prostitution existait déjà à l’époque coloniale en Angola. Elle était essentiellement pratiquée par des étrangers, colons pour la plupart. Ces derniers avaient des relations sexuelles moyennant rémunération avec des femmes autochtones et dans des locaux aménagés à cet effet. De ce fait, l’arrivée des colons doublée de la mise en œuvre d’une politique coloniale discriminatoire à l’égard de la population native peuvent être considérées comme des facteurs originels non négligeables ayant contribué à l’essor de la prostitution dans ce pays. En effet, c’est à cette époque qu’a pris date l’expression publique de ce phénomène, notamment via des censures, condamnations et euphémismes. Etaient donc apparus des termes comme prostituée, « pute », femme « facile », « vicieuse », femme de « mauvaise vie », femme à la vie dissolue, « indigne », « incarnation du diable », etc. Ces femmes étaient alors traitées comme telles sous le prétexte de la « défense de la morale ». Le travail de recherche que nous projetons de mener, part d’un constat établi en 2008 où, dans le cadre de notre stage de formation en Travail Social, les femmes rencontrées dans l’activité prostitutionnelle avaient toutes tendance à considérer ce travail comme transitoire, envisageant une conversion professionnelle dès que possible. La plupart de ces femmes ont déclaré vouloir abandonner la prostitution car préoccupées par le devenir de leurs enfants, leurs filles en particulier, craignant que celles-ci ne finissent par emprunter la même voie. En effet, ces femmes ont de la prostitution une image négative; elles la pratique loin de leur milieu social afin de se mettre à l’abri du regard de leurs proches. De ces constats se dégagent des interrogations: pourquoi en dépit de leur souhait, ces femmes n’abandonnent-elles pas cette activité? Qu’est ce qui les amène à s’y maintenir? La crise économique communément avancée comme raison à ce phénomène expliquerait-elle à elle seule cet état de choses ? Le rôle du proxénétisme ne pourrait-il pas être tout aussi incriminé ? Notre objectif sera donc de tenter de faire la lumière sur les fondements du maintien de ces femmes dans l’activité prostitutionnelle. Du point de vue méthodologique, notre travail de thèse se fera essentiellement par entretiens semi-directifs. 

Date début de thèse: 
12/15